C’est la rentrée pour le séminaire Saint Yves de Rennes ! Alors que les cours venaient de reprendre, il fut temps de faire nos valises, direction la Normandie, pour y passer deux jours de pèlerinage, du 16 au 18 septembre.

Notre périple nous conduit tout d’abord dans le diocèse de Bayeux-Lisieux. A Lisieux même, nous rejoignons les séminaristes de Nantes, Orléans et Evron, soit 188 joyeux pèlerins. Nous arrivons tout juste à l’heure pour les vêpres dans le Carmel, auprès de la châsse contenant les reliques de Sainte Thérèse.

Dès le début du séjour, c’est bien sous le signe de la joie que nous nous sommes retrouvés, avec une grande veillée festive. Chaque séminaire a ainsi pu exposer, sur le ton de l’humour, comment il vivait les quatre piliers de la formation :

pastorale, intellectuelle, fraternelle et spirituelle. Ces quatre éléments se retrouvent dans la nouvelle « ratio », document officiel réglant la formation des prêtres, dont une version a été récemment promulguée par Rome.

Le lendemain, vendredi 16, Monseigneur Didier Berthet, évêque de Saint-Dié, dans les Vosges, est venu nous donner, de sa voix grave et posée, une belle conférence sur « le prêtre, à la manière des Apôtres ». Il a particulièrement insisté sur la mission qu’a le prêtre d’être « sacrement de la rencontre de Dieu », c’est-à-dire de « permettre à autrui de faire l’expérience de Dieu, de se découvrir sanctuaire de Dieu ». En faisant bien la distinction entre autorité et pouvoir, il a notamment souligné la dimension de soutien spirituel que doit être le prêtre auprès de la communauté à laquelle il est envoyé.

Si le prêtre est en effet appelé à accompagner tous les baptisés dans leur engagement missionnaire, il doit, comme pasteur, montrer aussi l’exemple. Aussi, le vendredi après-midi fut consacré à la visite des différents lieux liés à Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Elle qui aurait tant voulu partir répandre l’Evangile en Asie, resta dans son carmel de Lisieux et y mourut jeune. Pourtant, la richesse spirituelle qui se lit dans sa correspondance avec le séminariste Maurice Bellière et avec le jeune père Adolphe Roulland, missionnaire en Chine, explique pourquoi elle devint en 1927 la patronne des missions. Il est donc naturel que de futurs prêtres soient venus chercher auprès d’elle l’énergie spirituelle pour évangéliser le monde d’aujourd’hui !

La journée s’est conclue sur une veillée de prière pour les vocations, dans la cathédrale de Lisieux. Avec de nombreux paroissiens, nous avons loué, adoré et intercédé pour que le bon Dieu « envoie des ouvriers à Sa moisson » !

 

 

Le lendemain matin, branle-bas de combat assez tôt afin de prendre les cars à 7h ! Nous quittons Lisieux et changeons de diocèse pour celui de Coutances et Avranches. Une première station nous fait nous arrêter à l’abbaye de la Lucerne. Ancien couvent de prémontrés, il souffrit de la Révolution française, et resta abandonné au XIXème siècle. Ce bel endroit dut son salut à l’abbé Lelégard, qui lança la reconstruction des bâtiments. Son œuvre se poursuit aujourd’hui grâce à la Fondation « Abbaye de la Lucerne d’Outremer », qui y accueille de nombreux groupes, colloques, concerts… C’est dans ce lieu en pleine résurrection que nous avons vécu la messe, célébrée par Monseigneur Le Boulc’h, évêque du diocèse de Coutances.

Après le pique-nique sur place, sous un soleil normand, c’est-à-dire jouant à cache-cache avec les nuages, nous prenons la route pour la dernière étape de notre voyage : le Bec d’Andaine, point de départ historique pour la traversée de la baie du Mont Saint Michel. Après la patronne des missions, c’est le Prince des archanges que nous allons visiter.

Malgré des prévisions météo plus que pessimistes, nous nous élançons pour une bonne heure et demie de marche dans ce désert humide. La traversée est animée par la communauté Saint Martin, qui nous propose de la vivre en portant au cœur une intention à confier à l’Archange. Dans ce grande vide si plat, le premier quart d’heure en silence pousse à la contemplation. Celle-ci est rendue toutefois difficile à cause de la vase dans laquelle les pieds s’enfoncent, parfois jusqu’aux mollets ! Pour autant, si la marche n’est pas très rapide, le cœur y est, d’autant que le ciel reste clément, couvert mais sec… Les chants commencent à monter de notre petite troupe, alors que la silhouette du Mont se fait sans cesse plus proche. C’est donc une compagnie pleine d’énergie qui finalement arrive au Rocher, sous les regards amusés et intrigués des passants devant tous ces garçons chantant les merveilles du Seigneur.

Accueillis par le curé du lieu, c’est au pied du Mont que s’achève notre pèlerinage. Il nous reste alors un peu de temps pour visiter le sanctuaire. En grimpant, nous découvrons que l’accès à l’abbaye est gratuit, du fait des journées du Patrimoine ! C’est une belle surprise que nous a réservé Saint Michel à l’issue de la traversée de la baie !

Nous repartons finalement du Mont à 18h, bien fatigués de ce voyage. Fatigués, mais heureux, car ces deux jours furent un très beau moment de fraternité. Nous avons ainsi pu approfondir nos liens d’amitié avec les séminaristes d’ailleurs. Si nous nous retrouvons à d’autres moments dans l’année (sessions de formation en janvier…), cette rentrée inter-séminaires fut une rencontre vraiment « gratuite », pour passer du temps ensemble et grandir en fraternité. Forts de l’exemple missionnaire de Sainte Thérèse et de la protection de Saint Michel, nous allons pouvoir maintenant reprendre le chemin des cours avec un désir plus grand de servir Dieu et notre prochain !

Nous voulons adresser un dernier mot pour remercier tous ceux qui ont prié pour nous au cours de notre pèlerinage, et que Dieu vous bénisse !

 

Tugdual Kerviel, séminariste du diocèse de Rennes